Dans les médias

« Appuyez vous sur les partenaires sociaux »

Invité du Grand Jury le 23 avril dernier, Geoffroy Roux de Bézieux est revenu sur les futures négociations autour du travail, l’inflation, la réforme des retraites, l’intelligence artificielle ou encore le prix de l’énergie.

Sur les négociations autour du travail et le rôle des partenaires sociaux

« La phase dans laquelle on est aujourd'hui c’est d’aller voir les syndicats. Il faudra du temps pour négocier. On va aller voir les syndicats, en tout cas ceux qui veulent négocier, essayer de voir ce sur quoi on veut négocier. Il faut que les deux parties des deux côtés de la table soient prêtes à négocier. S’il y a des voies de passage, on retournera le président de la République le moment venu pour lui dire ce sur quoi on a envie de négocier. Alors oui il faut du temps. On a mis plus de 7 mois pour faire l'accord sur le partage de la valeur qui est un accord très important, presqu’historique. On a mis 9 mois pour parvenir à un accord sur la négociation sur la transition écologique en entreprise. (…) On va essayer de voir sur l'emploi des séniors, sur les transitions professionnelles s'il y a des voies de passage. (…) Les partenaires sociaux qui ont démontré depuis maintenant 3 ou 4 ans qu'ils étaient capables de discuter et de négocier ont leur rôle à jouer. (…) l'agenda est ouvert, à nous patronat et syndicats de trouver les sujets sur lesquels on est prêt à négocier ». En revanche a ajouté Geoffroy Roux de Bézieux, « il y a des choses sur lesquelles on n'est pas prêt à discuter, par exemple les salaires, parce que les salaires ça ne se discute pas au niveau national : ça se discute au niveau des branches et au niveau des entreprises ».

Pour le président du Medef, face à la crise politique actuelle, « le pays ne peut pas s'arrêter, le pays a besoin de se réformer, le pays a besoin de propositions et donc appuyez-vous sur les partenaires sociaux, patronat et syndicats ».

Sur les manifestations

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, « dans les manifestations pour les retraites, en particulier celles dans des villes moyennes, on n'a pas soldé complètement le sujet sous-jacent des Gilets jaunes, c'est-à-dire la France qui travaille, la France qui se lève tôt, qui gagne sa vie mais qui quand même a l'impression de ne pas pouvoir boucler les fins de mois, qui s'inquiète du devenir de ses enfants, mais ça c'est un travail de fond. Donc, à court terme je ne suis pas inquiet, à moyen terme on a un sujet ».

Sur la réforme des retraites

« Ce qui est sûr, a constaté Geoffroy Roux de Bézieux, 75 % des Français sont contre la réforme des retraites et notamment contre l'âge légal. Je signale au passage quand même qu’il y a eu un énorme malentendu de communication parce que ce sujet de l'âge légal, vous avez probablement entre 40 et 45 % des Français après la réforme qui n'iront pas jusqu'à 64 ans. Et par ailleurs, vous avez aujourd'hui un âge moyen de départ dans le privé qui est à 63. Donc on s'est focalisé. Si vous regardez les autres sondages des autres pays qui ont fait ce type de réforme, et parfois plus douloureuse puisqu'ils ont été pour certains jusqu’à 67 ans, c'était la même chose. Vous aviez deux tiers des Allemands, deux tiers des Italiens qui sont contre travailler plus longtemps. Ça peut se comprendre mais les gouvernements l'ont quand même fait et la plupart voire la totalité de ces gouvernements ont perdu les élections suivantes. Parce que oui, quelquefois gouverner c'est faire des choix difficiles, courageux et impopulaires ».

Sur l’inflation

« L’économie de marché, a rappelé Geoffroy Roux de Bézieux, c'est la loi de l'offre et de la demande. Donc pendant un moment il y a eu une explosion des prix des matières premières, post Covid pour des problèmes divers et variés. Pendant les premiers mois les industriels, n'ont pas pu répercuter les hausses de prix et donc ils ont perdu en marge et puis, il y a eu des négociations, ils ont pu répercuter, augmenter leurs prix. (…) L’offre et la demande vont faire que d'ici la fin de l'année, l'inflation va ralentir. (…) On redécouvre le monde de l'inflation. Dans le monde de l'inflation quand le prix des matières premières augmente, les entreprises s'adaptent, parce que la pression du consommateur est là et tant mieux d'ailleurs. Tant mieux ! (…) La France résiste quand même plutôt mieux que le reste de l'Europe ».

Sur l’intelligence artificielle

« Chat GPT, j'invite tous ceux qui n'ont pas essayé à essayer en donnant ou pas leurs données, c'est un modèle qui permet de gagner un temps extraordinaire et beaucoup de gens pensent que c'est aussi puissant que la révolution de l'internet. Le problème c'est que, une fois de plus, les projets sont tous américains. Donc Open AI, c'est Microsoft, BARD c'est Google et LLaMA qui est une version professionnelle, c'est Facebook. Je pense que le sujet numéro 1, ce n’est pas de se faire avoir comme on s'est fait avoir dans les dernières révolutions technologiques, c'est de monter vite des projets européens (…) Je pense que l’on est à la veille d'une révolution très importante dans beaucoup de métiers. Avec Chat GPT bien utilisé vous n’avez plus besoin de faire de comptes rendus de réunions en visio par exemple, vous enregistrez et un moteur de recherche, fait le compte-rendu. Le compte rendu, ce n’est quand même pas une tâche à valeur ajoutée. (…) j'invite tous les patrons français à s'y intéresser et de près ».

Sur les prix de l’énergie

« Pourquoi l’énergie va coûter plus cher ? C'est simple à comprendre, a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux, on passe d'une énergie fossile qui a plein de défauts pour la planète mais qui est facile à transporter, à des énergies multiples, des énergies renouvelables qui, par construction, sont intermittentes et à un nucléaire qui coûte aussi plus cher que le pétrole. ( …) Je pense qu'on en a pour très longtemps. (…) Je pense aussi que madame Merkel porte une responsabilité énorme en ayant mis fin au programme nucléaire allemand et en finalement ayant presque imposé aux autres de faire pareil. On a désinvesti pendant 10 ans dans le nucléaire, ce qui était une erreur absolument majeure. Donc là maintenant il faut qu'on porte haut la voix du nucléaire en Europe. »

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